La Victime dans le triangle de Karpman souffre d’un sentiment de persécution. Il s’autoproclame martyr et trouve ainsi un climat d’impunité qui le protège de ses responsabilités. En management comme en communication, conscientiser et comprendre le jeu dramatique aide le dirigeant ou responsable à satisfaire la demande de son collaborateur, notamment de l’éternel persécuté. Car oui, ce jeu inconscient opacifie le discours et nuit aux relations dans les équipes. Pourquoi ce rôle ? Comment en sortir ? Autant de questions auxquelles ce texte répond. Dédicace spéciale à tous les Calimeros !
Victime dans le triangle de Karpman : comment l’identifier ?
Repérer le jeu infernal
Poussé à l’extrême, il rase les murs, le dos voûté et la mine désolée. Il porte tous les malheurs du monde sur ses épaules, car oui, malgré ses efforts, tout joue en sa défaveur. Son acharnement au travail reste infructueux. Normal, il n’a jamais eu de chance dans la vie, elle est injuste !
Vous l’avez trouvé ! Ce collaborateur est une Victime en puissance.
En permanence, il attend que l’autre le soulage de son malaise. Son destin dépend de l’aide qu’on acceptera de lui apporter. Dans le « on », comprenez ses collègues, son supérieur hiérarchique, la société. Bref, tous sauf lui-même.
Il agit comme s’il n’avait aucune ressource à sa disposition pour résoudre ses problèmes.
Toujours dans la plainte et l’apitoiement, il ne cherche pas vraiment à se sortir de cette situation finalement confortable.
Pourquoi ?
Car, comme pour chaque rôle du triangle infernal, la Victime trouve des bénéfices secondaires à sa posture. Lesquels ? L’impunité et le statut d’innocent. C’est pourquoi si un Saveur lui apporte des solutions, elle s’évertue à les dénigrer à force de « oui, mais ».
Monsieur Chanteau, dans le film Oui, mais… en est un parfait exemple.
La croyance que les autres ont le pouvoir de rendre heureux résonne avec Les 4 mythes d’Éric Berne.
Le bal dramatique se réitère régulièrement, le repérer est la première étape pour le gérer. Tant qu’il n’est pas conscientisé, le jeu infernal se répète. La Victime notamment finit par énerver ses collaborateurs de par sa passivité.
Enfin, ne vous fiez pas aux apparences du jour, les acteurs du triangle adorent le jeu des chaises musicales. En effet, chacun change de personnage au gré des situations. Notre Victime peut alors devenir Bourreau. On parle de renversement des rôles.
Prendre conscience
Détecter les réactions automatiques à l’intérieur de ses équipes permet au manager d’améliorer sa communication et réduire les conflits inutiles.
Conscientiser cette situation évite de tomber dans le schéma répétitif où la Victime se trouvera toujours rejetée, attaquée et blessée.
« Je suis faible, on doit m’aider » ; « c’est vraiment trop injuste ».
Dans le triangle infernal, chaque rôle en appelle un autre. La Victime attire un Sauveur, elle cherche à apitoyer par une attitude craintive et des plaintes permanentes. À noter que cette conduite négative et abaissante séduit aussi le troisième larron du trio : le Persécuteur. En effet, ce dernier se nourrit précisément de la dévalorisation de sa Victime.
Accepter la situation
La Victime reproduit un jeu manipulatoire inconscient qu’elle a trouvé dans son enfance pour répondre à ses besoins insatisfaits de stimulation, de reconnaissance et de structure. Aujourd’hui, ce comportement devenu naturel la fait souffrir et la fatigue.
Le manager ou le dirigeant gagne en efficacité s’il accepte cette situation. Ainsi, il préfère d’abord éveiller ses équipes au phénomène de Karpman. Ensuite, il utilise les outils de communication, notamment OSBD (Observation, Sentiment, Besoin, Demande) pour assainir le dialogue et les relations.
Chaque contexte appelle une réaction adaptée. Voyez comment !
Je suis Victime : comment m’extraire du triangle infernal ?
« Êtes-vous souvent accablé par la vie ou par le comportement d’autrui en subissant d’incessantes injustices ? ». C’est la question que pose Bernard Raquin, auteur de Sortir du triangle dramatique, pour aider la Victime à s’identifier comme telle.
Prendre conscience de votre passivité et de votre état d’adulte (et non plus d’enfant) vous permet de comprendre que c’est à vous d’agir. Reconnaître et admettre vos propres limites vous ouvre le champ des possibles.
Et rappelez-vous que sans victime consentante, il n’y a pas de Persécuteur. « Il n’est point dessein de bourreau qui ne lui soit suggéré par le regard de la victime », Pier Paolo Pasolini, poète italien (1922-1975).
Et si vous vous débarrassiez de votre coquille de Calimero ?
Selon le concept des 3 P d’Éric Berne (puissance, permission, protection), demandez-vous quelle puissance vous devez vous donner pour vous extirper de votre personnage de Victime ?
Grâce à une attitude tournée vers le « oser agir », vous allez :
- renforcer votre confiance en vous ;
- accepter de faire confiance aux autres ;
- clarifier vos questions ;
- demander sans vous plaindre ;
- choisir le bon interlocuteur (comprenez, évitez de vous adresser à un Persécuteur ou à un Sauveur).
En effet, si le Bourreau vous appuie sur la tête, le Sauveur agit à votre place. Aucun des deux ne répond à votre besoin profond d’accomplissement personnel.
« Vous n’êtes pas la cause des actes d’autrui. Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leur propre rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre les opinions et les actes d’autrui, vous n’êtes plus victime de souffrance inutile », Don Miguel Ruiz (les accords toltèques).
Les accords toltèques vous guident pour améliorer vos relations.
Tips de Smyle pour aller plus loin
👉 La transformation passe par vous. Arrêtez de penser que les autres vont changer.
👉 Quelles sont vos possibilités pour vous prendre en main ?
👉 Quels sont les bénéfices que vous allez en tirer ?
Et si je me faisais accompagner dans ma démarche ?
J’identifie une Victime : comment réagir sainement ?
Sortir un collègue du statut de Victime
Managers ou dirigeants, vous avez identifié la présence d’un triangle de Karpman parmi vos équipes ou peut-être souhaitez-vous simplement éveiller vos collaborateurs à ce jeu inconscient ?
En présence d’un collègue qui se victimise, l’objectif consiste à le rendre autonome. À défaut, comme expliqué plus haut, vous tomberiez vous-même dans le statut de Sauveur ou de Persécuteur.
Voici quelques conseils pour faire face à une Victime.
- Responsabilisez-la, cela va l’aider à sortir de sa posture. Elle perd son sentiment d’impunité, fameux bénéfice secondaire de sa position.
- Clarifiez la demande cachée derrière la plainte. Faites-lui reformuler sa question ou d’exprimer précisément son besoin.
- En situation extrême, sachez dire « stop » et refusez d’écouter ses interminables malheurs. Coupez-lui la parole et ramenez-la gentiment, mais fermement sur le problème présent.
Mieux communiquer d’une manière générale
Chez Smyle, nous savons qu’une communication saine engendre les bonnes relations au travail. Voici quelques réflexes à adopter :
- l’écoute active ;
- l’assertivité ;
- une attitude factuelle et objective ;
- le non-jugement, etc.
Des outils tels que la méthode OSBD aident à leur mise en place. La communication non violente (CNV) permet plus d’authenticité et de meilleures relations à soi et aux autres. Elle favorise également l’inclusivité, enjeu majeur du monde de l’entreprise.
Vous transformez alors les conflits en simples dialogues grâce à une meilleure écoute et au respect de la parole d’autrui.
La CNV est basée sur 4 axes :
- l’observation sans jugement ;
- l’expression de son ressenti ;
- la formulation de son besoin ;
- la précision de ce que l’on attend de l’autre.
Je me forme à la communication non violente.
La Victime dans le triangle de Karpman souffre autant qu’elle pèse sur l’équipe. Nous espérons sincèrement avoir donné tant au manager qu’à la Victime elle-même les outils et principes pour rompre ce jeu infernal. Ramener un dialogue sain et constructif est gage de meilleure qualité de vie au travail et donc de performances accrues.
J’identifie une Victime autour de moi, je contacte Mylène et résous la situation.
Je pense être Victime, je demande à Mylène de m’aider.
Sources :
Les 4 mythes (ou positions de vie) d’Éric Berne, analyse transactionnelle