Les 2 systèmes de la pensée œuvrent à l’harmonie entre décision émotionnelle et rationnelle

Sommaire

À chaque instant, notre cerveau jongle entre intuition et logique. Se fier à son instinct économise un temps précieux et nous libère de questions inutiles. Mais ces réflexes induisent notre pensée en erreur. Les décisions immédiates manquent cruellement d’empirisme et de pragmatisme. Dans son ouvrage, Système 1 système 2, les 2 vitesses de la pensée, Daniel Kahneman explique ces heuristiques (raccourcis mentaux) et leurs conséquences en entreprise. Le professeur de psychologie, prix Nobel de sciences économiques, nous dévoile quelques clés pour réduire la dichotomie, convoquer son esprit d’analyse pour de meilleurs choix. Les managers et leaders qui s’affranchissent des pensées spontanées tout en limitant les interminables spéculations améliorent leur leadership décisionnel. Ils gagnent en objectivité, en discernement et en efficacité. Comment optimiser les 2 systèmes de la pensée en management ? Smyle vous montre la voie au pays de la symbiose entre raison et émotion.

Les 2 systèmes de la pensée en management : influence et pouvoir

« Le système 1 est rapide, intuitif et émotionnel ; le système 2 est lent, réfléchi et logique », nous explique Daniel Kahneman en 4e de couverture de son livre succès Système 1 Système 2, les deux vitesses de la pensée.

Système 1 : la voie chaude ou la pensée rapide

Le cerveau émotionnel et intuitif

Impression, intuition, intention, sentiment, émotion, autant de sources dans lesquelles notre cerveau puise les premières informations. Il agit alors en pilote automatique, de manière inconsciente. Daniel Kahneman appelle ces réflexes, des heuristiques.

👉 Vous lisez un CV et, directement, le jetez à la poubelle. Quelque chose vous a suffisamment déplu pour que vous décidiez d’éliminer ce candidat potentiel.

👉 En revanche, lors des entretiens finaux, vous aurez tendance à choisir votre futur collaborateur par feeling, car naturellement, l’intuition l’emporte sur le rationnel.

Le système 1 résout maints questionnements quotidiens. Il nous sauve régulièrement la vie. Vous marchez sur la route, mais au moindre bruit de moteur, vous montez sur le trottoir sans cesser de réfléchir au dossier en cours.

Comment le système 1 influence vos décisions quotidiennes ?

Chaque jour, votre leadership décisionnel se laisse gouverner par la pensée rapide. Vous en doutez ?

  • Ce post LinkedIn que vous likez sans même le lire, car le visuel vous marque.
  • Ce mail que vous supprimez (sans le lire non plus), car le titre vous indiffère.
  • Cette étude que vous lisez parce que l’auteur est expert dans son domaine, etc.

En un éclair, vous vous positionnez par une émotion, une réputation, un préjugé aussi parfois.

Si ces raccourcis vous font gagner un temps précieux, ils peuvent cependant vous induire en erreur. Les biais décisionnels et les émotions brouillent votre jugement, vous imposent des conclusions hâtives. Le stress, l’urgence ou la joie incitent à réagir rapidement et parfois à faire le mauvais choix.

Comme la nature est bien faite, le système 2 prend le relais.

Le cerveau priorise le système 1 et ne déclenche le système 2 que si nécessaire. La fatigue ou une situation familière, par exemple, privilégient l’utilisation du système 1 d’où notre confiance en nos intuitions. 

Système 2 : la voie froide ou la pensée lente

Le cerveau raisonné et analytique

Une fois que le cerveau nous considère en sécurité, le système 2 prend en charge les activités mentales plus contraignantes. Il contrôle et régule les pensées et les actes suggérés par le système 1. Pour cela, il conceptualise, interprète et identifie. Il allie la logique et l’analyse.

Il récupère l’information à la source, liste les arguments et les pèse. Ce processus demande du temps et de l’énergie, c’est pourquoi le cerveau n’y recourt pas systématiquement.

Revenons aux deux candidats finalistes, avec un temps de recul, que décideriez-vous ? 

👉 Vous contacteriez probablement les employeurs précédents, proposeriez des tests supplémentaires ou consulteriez un pair pour obtenir un avis externe. Une manière de vous nourrir d’informations factuelles et objectives pour confirmer ou infirmer votre première intention.

Comment le système 2 impacte vos jugements quotidiens ?

Chaque jour, le cerveau twiste d’un procédé à l’autre. Dès qu’il s’extrait de l’émotion ou de la pure réaction, il impose un temps de recul et de réflexion analytique. Face à une décision d’achat, vous :

  • réclamez plusieurs devis et comparez les prix, les délais et les détails des prestations ;
  • consultez les statistiques sur les performances de chaque solution ; 
  • vous octroyez 24 heures de réflexion.

La raison vous signale que davantage de données sont nécessaires à une bonne décision.

Émergence spontanée du système 1 et conséquences sur le leadership décisionnel

Le cerveau passe donc continuellement d’un système de pensée à un autre, dans un continuel challenge entre les émotions et la raison.

La dichotomie entre ces 2 systèmes engendre des biais cognitifs ou amène à un excès de confiance. 

Les biais décisionnels engendrés par le système 1

La loi du petit nombre

Nous tirons des conclusions hâtives pour nous rassurer et éviter d’entretenir un doute.

👉 Un collaborateur vous rapporte un fait, vous extrapolez à l’ensemble des dossiers en cours. Son rendez-vous en visioconférence a échoué, vous décidez de mettre fin à cette pratique.

Les effets d’ancrage

Le système 2 fonctionne par tâtonnement et se base sur les données fournies par le système 1 pour une meilleure réponse. Le système 1 fait alors office d’ancre.

👉 Vous négociez un prix ? Votre système 1 capte un prix estimatif que votre système 2 affine avec des données logiques. Même réévalué, le montant part d’un prix estimé par le système 1.

Le biais de disponibilité

Nous corrélons par erreur la fréquence et l’accessibilité des données. Une information répétée devient une vérité.

👉 Quelqu’un publie chaque jour sur les réseaux à propos d’une thématique. En quelques jours, votre cerveau lui accorde le titre d’expert.

L’erreur de conjonction

L’intuition prévaut sur les règles de logique.

👉 Un candidat formé aux ressources humaines, militant pendant ses études aurait plus de chances de prendre un poste de RH dans une entreprise engagée. Pourtant, statistiquement, il y a peu de chances que cette personne ne trouve un emploi dans une organisation qui poursuit le même combat qu’elle.

Les causes écrasent les statistiques

L’esprit s’empare d’un stéréotype pour se faire une opinion faisant fi des chiffres réels.

👉 Un collaborateur a perdu un contrat important. Dans votre équipe, vous avez 15 % de juniors et 85% de seniors. Vous savez que 80% du temps, les jeunes ne signent pas. Vous déduisez alors que c’est un des jeunes collaborateurs qui a perdu ledit contrat.

Attention, ces chiffres ne sont pas réels, ils servent juste à comprendre le mécanisme.

La régression vers la moyenne

👉 Certains managers pensent améliorer les performances des équipes en pointant les échecs arguant que les résultats s’améliorent quand on critique et empirent quand on félicite. Daniel Kahneman explique que cette vision est fausse, car spontanément on félicite si la performance est exceptionnelle, il y a donc peu de chances qu’elle se reproduise. À l’inverse, on reproche quand la prestation est particulièrement ratée, il est donc vraisemblable qu’elle s’améliore. Les résultats notés ne sont qu’un retour logique vers la moyenne.

Nous pourrions ajouter d’autres biais décisionnels, comme l’effet de halo, les biais de conformité et de confirmation. 

L’excès de confiance en soi

L’optimisme excessif provient d’un manque de prise de recul. Nous plaçons notre confiance dans ce que nous croyons savoir. L’excès de confiance pointe notre incapacité à reconnaître notre ignorance et l’incertitude du monde dans lequel nous vivons. Ceci influence nos décisions à trois égards :

  1. nous négligeons les obstacles ;
  2. nous considérons le monde comme prévisible ;
  3. nous nous appuyons sur nos intuitions plutôt que sur les statistiques.

Le manque de recul peut engendrer un optimisme excessif. Certes ! Daniel Kahneman rappelle néanmoins que l’optimisme est un puissant moteur de motivation, car il minimise les risques. Il encourage donc à oser. Ce levier agit sur soi et aussi sur les autres.

👉 Un manager optimiste favorise la créativité et l’innovation au sein de ses équipes.

😉 Tip Smyle

Pour des décisions collectives raisonnées et objectives, utilisez la méthode des chapeaux de Bono. Tous les collaborateurs prennent la parole, l’un d’entre eux pointe les risques et des experts attitrés apportent leurs conseils.

Je développe mon leadership avec Smyle.

Se libérer des pièges du système 1 pour manager avec raison 

C’est désormais clair, le cerveau, par facilité, privilégie les raccourcis mentaux et influence nos décisions. Alors, comment éviter les erreurs de jugement et faire les bons choix managériaux ?

Comprendre la spontanéité du système 1 est indispensable pour se prémunir des illusions cognitives. La pleine conscience de la vulnérabilité et de la faiblesse du cerveau permet d’appréhender la réalité avec humilité et recul. En somme, le système 1 crée son histoire, mais le système 2 nous évite d’y adhérer les yeux fermés.

Daniel Kahneman avance des pistes notamment prendre conscience des déviances suivantes.

Les erreurs de Bernoulli

Les décisions ne sont pas toujours raisonnées. Nous refusons les risques quand un gain minimum est assuré, mais nous en prenons volontiers pour éviter une perte.

👉 Préférer recruter un candidat au potentiel moyen, mais opérationnel immédiatement qu’un jeune inexpérimenté avec un gros potentiel.

La théorie des perspectives

  1. Face à un risque, nous décidons selon la situation sans tenir compte des expériences passées.
  2. La valeur subjective.
  3. Les pertes pèsent plus lourd que les gains.

Le biais de l’évitement des pertes (aversion aux pertes)

Nous consacrons plus d’efforts à éviter une perte qu’à créer un gain. Cela fonctionne tant pour le matériel (l’argent) que l’immatériel (l’amitié). Ce mécanisme explique en partie notre résistance au changement, car le cerveau préfère ne pas s’engager dans une voie dont il n’est pas certain du résultat.

👉 Ceci implique que le manager donne à ses équipes des objectifs précis, réalistes, atteignables avec, à la clé, un recompose motivante.

Le poids des expériences négatives

Selon la même logique, la douleur de perdre est plus forte que le plaisir de gagner. Comme les pertes, les échecs pèsent plus lourd que les succès dans notre mémoire. Anne-Laure Nouvion l’explique parfaitement page 31 de son ouvrage « Accompagner le changement avec les neurosciences ».

👉 D’où l’importance de communiquer sur les réussites et de pratiquer le feed-back positif avec vos équipes.

Les événements peu probables sont surestimés

👉 Un manager peut consacrer beaucoup de temps à un collaborateur tout en sachant pertinemment qu’il n’aurait jamais dû le recruter. Mes lecteurs connaissent mon attachement à l’accompagnement des individus pour les faire progresser. Pour autant, si les initiatives mises en place restent infructueuses, se séparer de la personne relève du courage managérial indispensable à la performance collective. 

L’influence de cadrage.

👉 Reprenons l’exemple ci-dessus. Le manager se concentre sur ses probabilités de réussite avec sa jeune recrue. Il occulte les risques d’échec même s’ils sont évidents.

Actionner le système 2 pour un leadership décisionnel en toute conscience

Si le système 1 permet une évaluation rapide de la situation, le système 2 rationalise et pondère les déductions sur le comportement à adapter. Un leadership décisionnel efficace suppose d’associer les deux compétences, chacune à sa juste mesure.

Reconnaître les situations propices à l’apparition des biais cognitifs

Dans ce cas, l’auteur conseille de ralentir pour convoquer le système 2 et de :

  • prendre du recul ;
  • se rappeler des situations similaires ;
  • consulter les statistiques ;
  • réfléchir en termes de prise de risque globale pour limiter l’influence émotionnelle du cas particulier.

😉 Tips de Smyle

Laissez passer une nuit avant de décider (si la situation le permet).

L’estimation globale d’abord

Face à une décision, estimer la situation de manière globale et moyenne puis intégrer l’expérience telle que nous la vivons.

😉 Tips de Smyle

Commencez par raconter à vos équipes une situation similaire dans une autre organisation avant d’introduire le sujet spécifique.

Allier l’intuition aux statistiques

😉 Tips de Smyle

Lors d’un entretien d’embauche, listez 6 compétences requises (techniques et soft skills), formulez des questions simples et notez les réponses sur une échelle graduée de 1 à 5 (de très faible à très fort). 

Ne pas accorder trop d’importance aux regrets pour oser la prise de risques

😉 Tips de Smyle

Comme disait Mandela « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ». La culture du Retex transforme l’ « échec » en opportunité de progrès. Cela suppose de mettre en avant les réussites d’un projet et ce qui aurait pu être fait différemment.

Remettre en doute et vérifier les informations

S’appuyer sur des statistiques et des experts.

😉 Tips de Smyle

Sans doute, est-ce l’occasion de faire appel à d’autres services et de favoriser les relations transversales ?

Vidéo de Daniel Kahneman

Si le système 1 nous guide chaque jour, nous fait gagner un temps considérable et nous prévient des dangers, il baisse aussi la garde de la rigueur. Le système 2 prend alors le relais de la raison, de l’analyse et de la logique. Un manager qui prend conscience que la bonne réaction se situe dans le juste équilibre entre les deux vitesses de la pensée accroit son leadership décisionnel.

Je veux optimiser mon pouvoir de décision et porter mes équipes à plus de performance, je contacte Mylène.

Système 1 ; Système 2 – Les 2 vitesses de la pensée de Daniel Kahneman

Anne-Laure Nouvion – Accompagner le changement avec les neurosciences

Accompagner le changement avec les neurosciences
Accompagner le changement avec les neurosciences

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